The House that Jack Built est un long-métrage réalisé en 2018 par le célèbre réalisateur Lars von Trier. On suit Jack , un tueur en série et un ingénieur à la fois obsédé par l’art et le meurtre. Tout au long du film, on suit à la fois un perfectionniste, un pervers et un obsédé qui narre sa propre histoire, en compagnie de Verge qui le commente en même temps. L’œuvre est séparée en cinq parties. Il s’agit en fait de ses cinq plus beaux crimes, ses œuvres d’art.
Lars von Trier nous présente un film hors du commun et singulier, comme à l’habitude. Il nous faut plus qu’une écoute seulement pour être en mesure de décortiquer le film, pour arriver à le comprendre pleinement. Ses propos hermétiques, son humour noir, la narration interminable de Jack , tout est là pour une raison. On voit très bien que le cinéaste à sa manière à lui de faire son film. En d’autres mots, il se fout en quelque sorte des règles du cinéma conventionnel. S’il veut utiliser un panneau pour montrer ce que l’acteur va nous présenter, de la même manière qu’un PowerPoint, il le fait. S’il a envie d’insérer quelque chose dans le film, qui peut sembler étrange et inhabituel, il le fait ! Le réalisateur joue avec les codes du cinéma. Son originalité et sa créativité font de lui un cinéaste unique.

Le montage du film est carrément saccadé, on nous montre toutes sortes de choses à se demander le rapport avec l’œuvre, pourquoi est-ce que cette scène est là? Lars von Trier va même emprunter une esthétique documentaire par moment, on voit sans cesse la caméra bouger, mais pour des raisons inexplicables. La caméra suit chaque pas de Jack comme si on était sur place avec lui. C’est assez particulier, on va même parfois faire des zooms sur le personnage par exemple et se mettre à dé zoomer et zoomer encore une fois. On se pose la question à savoir si c’est une erreur, eh bien non, c’est le but ! Le cinéaste à sa manière à lui d’essayer de nous dire quelque chose à travers son esthétique qui peut nous sembler parfois douteuse.
Lars von Trier et son amour pour l’art ne font qu’un. Il ne se gêne pas à faire des références dans son long-métrage. Les meurtres de Jack ressemblent beaucoup à des peintures allemandes et le réalisateur ne s’empêche pas du tout d’en insérer. De même, le passage où Jack et Verge font le parcours pour se rendre en enfer. On assiste à une scène au ralenti, dont les amateurs d’histoire de l’art ont probablement tout de suite saisi sa référence. On croit reconnaitre la peinture de Théodore Géricault , le Radeau de La Méduse. Il s’agit plutôt de La Barque de Dante d’Eugène Delacroix. Lars von Trier est un amateur d’histoire de l’art, de littérature, de peinture ainsi que de théâtre. Ici, le cinéaste insère une esthétique rongée par la vie. L’art c’est sa force et on voit qu’il en est passionné, ça fait partie de lui. Il réussit à transmettre ses intérêts au personnage de Jack ainsi qu’aux spectateurs. D’autres cinéastes lui auraient peut-être dit de ne pas mettre cela , mais il s’en fout après tout, c’est SON œuvre d’art.

Farber s’inspire de l’insecte termite pour expliquer le travail des cinéastes. Le termite ronge le bois pour établir son nid. On se réveille un beau matin et tout de suite on voit les dégâts qu’elle a faits la veille. C’est de la même manière pour le cinéma termite: on ne la voit pas, mais on voit le résultat de son action. Les cinéastes veulent montrer du vivant à travers leurs œuvres. Dans le film The House that Jack Built, Lars von Trier s’amuse avec le cinéma conventionnel pour ainsi l’adapter à sa manière à lui. On voit très bien que le film est désordonné par moment lorsqu’il fourre des images par-ci par-là de peintures allemandes ou bien lorsqu’il nous bavasse du tigre et de l’agneau. On a même tendance à croire qu’il s’égare du sujet, mais selon Farber : « L’art style termite, ver solitaire, mousse ou champignon, a la particularité de progresser en s’attaquant à ses propres contraintes, pour ne laisser d’ordinaire sur son passage que des signes d’activité dévorante, industrieuse et désordonnée » (Farber, 1962, p.163). Il y a un artiste, bref il y a quelqu’un derrière un propos, il essaie de nous dire quelque chose à travers leur créativité.
De plus, on ne le voit pas seulement avec le film de Trier, Ari Aster est bien lui aussi un cinéaste termite, en autre avec son film Midsommar sortie en 2019. Prenons exemple de la scène ou suite après avoir déviergé une femme, Christian se sauve et remarque à son passage un pied enterré. On aurait dit une fleur ! Il faut mentionner ici que c’est un film d’horreur, on peut très bien être d’accord avec le fait que cette scène-là est complètement ridicule. On se pose seulement la question pourquoi le cinéaste a-t-il mis cela ? Eh bien, c’est le principe du cinéma termite. Le réalisateur se fout complètement de ce que pensent les autres, il le fait à sa manière. Les cinéastes ne cherchent pas du tout à faire de leur film un oscar, leurs buts sont plutôt de faire réagir les spectateurs. Comme Farber le mentionne si bien dans son texte : « L’art termite n’apparaît jamais aussi clairement que dans le domaine cinématographique, où, hors de toute prétention culturelle, l’artiste peut affirmer son originalité, prodiguer son énergie, et s’impliquer opiniâtrement, sans souci du résultat à venir » (Farber, 1962, p.164).

Liens externes:
(s.d). (2020). The House that Jack Built. Wikipedia. Repéré à https://fr.wikipedia.org/wiki/The_House_that_Jack_Built#Propos_de_Lars_von_Trier
(s.d). (2020). Lars von Trier. Wikipedia. Repéré à https://fr.wikipedia.org/wiki/Lars_von_Trier
Winter, N. (2018). The House that Jack Built. Juste un mot. Repéré à https://justaword.fr/the-house-that-jack-built-46a0c46c152b#:~:text=En%20r%C3%A9alit%C3%A9%2C%20The%20House%20that,et%20d’apologie%20du%20nazisme.
Béot, L. (2018). 5 scènes pour comprendre (un peu mieux) le cinéma de Lars Von Trier. Les Inrockuptibles. Repéré à https://www.lesinrocks.com/2018/10/21/cinema/actualite-cinema/5-scenes-pour-comprendre-un-peu-mieux-le-cinema-de-lars-von-trier/
Guyon, C. (s.d). The House that Jack Built : Explications du film et de la fin. Oblikon. Repéré à https://oblikon.net/analyses/the-house-that-jack-built-explications-film-de-fin/